La dernière soirée...
Ce week-end, j'ai perdu un bout de moi. Un gros bout, genre trente-huit mètres sur cinq. Pour l'instant, ça fait mal, mais je suis anesthésiée par le manque de sommeil - dormi huit heures depuis vendredi matin, plus une sieste dans le train ce matin, affalée sur le comptoir du bar, on sait ce que ça donne. D'ici quinze jours, ça fera très mal, quand j'aurais vraiment percuté que je n'irais plus jamais au bateau. L'Arriba Couroucou Popof, l'enchanteresse péniche de mon enfance, le havre de mes redescentes de trip en fac, le chaleureux squat de mon frère, le chez-moi de ces trente-quatre dernières années, a donc été vendu. L'alchimie familiale y prenait une résonance tellurique, et nos personnalités, à Romain, Aurore et moi, se sont imbibées de son atmosphère d'eau et de lumière. Dans ce vaste cocon de bien-être, on a fait une dernière soirée, pour que la tristesse de l'adieu se réconforte de la chaleur des amis. Petit florilège, totalement partial, à mi-chemin entre le ton habituel des billets d'aventure de ce blog, et l'émotion qui coupe les mots.
Vendredi soir, Romain faisait la soirée des parents. On est arrivées vers minuit et demi, avec Sido. Tout le monde était parti, on s'est retrouvés autour d'un cubi de rouge, ambiance famille, fous rires, atelier de fabrication de navires en papier.